Bien-être

Cétonémie : raisons de surveiller le taux de cétones dans le sang

Un déséquilibre métabolique peut provoquer une accumulation de cétones dans le sang, parfois sans symptôme évident au départ. Ce phénomène concerne aussi bien les personnes atteintes de diabète que certains enfants lors d’infections ou de jeûnes prolongés.

Ignorer une cétonémie élevée peut entraîner des complications graves, allant de la simple fatigue à l’acidocétose, urgence médicale potentiellement mortelle. La surveillance du taux de cétones s’impose alors comme une mesure de sécurité pour anticiper et prévenir ces risques.

Cétonémie : comprendre le rôle des cétones dans l’organisme

La cétonémie correspond à la quantité de corps cétoniques présents dans notre circulation sanguine. Parmi ces molécules, on retrouve l’acétone, l’acide acétylacétique et l’acide bêta-hydroxybutyrique. Toutes sont issues d’un mécanisme appelé cétogenèse, piloté par le foie. Lorsque notre corps manque de glucose, qu’il s’agisse d’un jeûne prolongé, d’un régime pauvre en glucides ou d’un bouleversement métabolique, il puise dans ses réserves de lipides. Les acides gras ainsi libérés sont alors transformés en corps cétoniques.

Certains contextes physiologiques favorisent naturellement la production de ces cétones. En période de jeûne, lors d’un effort soutenu, pendant la grossesse ou face à certaines maladies, l’équilibre énergétique se modifie et la présence de cétones dans le sang augmente. Ces molécules deviennent alors un carburant alternatif pour le cerveau, les muscles et d’autres tissus, surtout quand l’apport en glucides chute brutalement.

Après leur synthèse, les corps cétoniques voyagent dans le sang avant d’être éliminés par les reins et les urines. Si l’acétone s’accumule, il n’est pas rare qu’une odeur caractéristique, souvent fruitée, se dégage de l’haleine, signalant une mobilisation accrue des graisses. Chez les femmes enceintes, une légère cétose peut apparaître sans pour autant présenter de risque immédiat, à condition d’être surveillée. Que ce soit via une analyse sanguine ou urinaire, le taux de cétones reflète en permanence la balance entre apports et besoins énergétiques du corps.

Quels signes doivent alerter face à un taux élevé de cétones dans le sang ?

Une élévation du taux de cétones dans le sang n’est jamais anodine. Elle peut refléter une cétose normale, mais doit systématiquement éveiller la vigilance en cas de diabète, en particulier le diabète de type 1. Chez ces personnes, le manque d’insuline favorise l’accumulation de corps cétoniques et expose à l’acidocétose diabétique, une situation d’urgence.

Certains symptômes doivent immédiatement attirer l’attention. Voici les principaux signes à surveiller qui peuvent indiquer une cétonémie trop élevée :

  • nausées et vomissements à répétition ;
  • soif marquée, urines abondantes, perte d’appétit ;
  • amaigrissement rapide, fatigue qui persiste ;
  • déshydratation, crampes musculaires, respiration rapide et profonde (polypnée) ;
  • haleine à l’odeur d’acétone, souvent décrite comme fruitée ou pomme aigre, ce signe est particulièrement surveillé chez l’enfant ;
  • troubles de la conscience, agitation, ou dans les cas graves, coma.

Les situations qui favorisent l’apparition d’une cétonémie élevée sont bien connues : infection, fièvre, activité physique intense, jeûne long, troubles alimentaires (notamment l’anorexie mentale), grossesse ou encore pathologies métaboliques telles que la glycogénose. Les enfants sont particulièrement sensibles à la crise d’acétone, qui peut se manifester par des vomissements répétés et une grande fatigue.

Pour confirmer le diagnostic, deux outils sont à disposition : les bandelettes urinaires, qui détectent la présence de cétones dans les urines, et le dosage sanguin de l’acétonémie à l’aide d’un cétonémètre. Ce suivi s’avère indispensable pour les personnes diabétiques, surtout en cas d’hyperglycémie ou lors d’un épisode infectieux.

Medecin et patient discutant des resultats de ketone en cabinet

Prévenir les complications : l’importance du suivi médical et des gestes adaptés

Pour limiter les risques associés à un taux de cétones élevé, une attention constante s’impose. Le suivi médical constitue la meilleure protection, en particulier chez les diabétiques de type 1. Les recommandations sont claires : contrôler régulièrement la glycémie et la cétonémie, surtout lors d’hyperglycémie ou d’infection. Lorsque le doute s’installe, un simple test par bandelette urinaire ou un passage au cétonémètre peut faire toute la différence, en permettant d’agir avant que la situation ne dégénère en acidocétose.

Le traitement vise avant tout la cause : l’insuline pour combler le déficit, la réhydratation par sérum pour rétablir l’équilibre hydrique, et la correction du sodium et du potassium pour préserver l’équilibre électrolytique. Si la situation s’aggrave, l’hospitalisation peut s’avérer nécessaire, le temps d’ajuster le traitement et de surveiller l’évolution clinique.

Du côté de la prévention, quelques principes sont à retenir : une alimentation équilibrée, éviter les jeûnes prolongés, suivre scrupuleusement la prescription médicale. L’éducation thérapeutique joue ici un rôle central : comprendre sa maladie, repérer les signaux d’alerte, réagir rapidement. Devant le moindre symptôme inhabituel, il vaut toujours mieux consulter sans attendre.

Rester vigilant face à la cétonémie, c’est choisir la sécurité. Car derrière ces chiffres se joue parfois bien plus que l’équilibre d’un bilan sanguin : il s’agit tout simplement d’éviter que le métabolisme ne dérape, et que la routine ne bascule en urgence.