Prescription de l’activité physique adaptée : les professionnels habilités
Depuis 2016, la loi française autorise la prescription d’activité physique adaptée pour les personnes atteintes d’affections de longue durée. Pourtant, seuls certains professionnels de santé possèdent le droit légal d’établir cette ordonnance, tandis que d’autres, pourtant au cœur du parcours de soins, restent exclus de cette prérogative.
Les contours de cette habilitation demeurent flous pour une majorité de patients et de praticiens. La réglementation précise aussi le rôle des éducateurs sportifs et des structures habilitées, mais le chemin d’accès à cette offre reste semé d’obstacles administratifs et d’interprétations variables selon les territoires.
Plan de l'article
L’activité physique sur ordonnance : de quoi parle-t-on et pour qui ?
Prescrire une activité physique adaptée n’a rien d’anodin : il s’agit d’un acte médical, inscrit noir sur blanc dans la loi du 26 janvier 2016. Depuis cette date, la possibilité de recommander du sport sur ordonnance s’est ouverte aux médecins, pour les personnes touchées par une affection de longue durée (ALD) ou vivant avec une maladie chronique. L’idée ? Faire de l’activité physique un outil thérapeutique à part entière, à la table des traitements, au même niveau que la kinésithérapie ou d’autres soins paramédicaux.
À qui s’adresse ce dispositif ? Voici les profils principalement concernés :
- Adultes ou enfants atteints d’une maladie chronique ou ayant perdu en autonomie
- Personnes vivant avec un handicap
- Personnes âgées, particulièrement exposées à la sédentarité et à la fragilité
Le décret du 30 décembre 2016 fixe le cadre d’application, tandis que l’arrêté du 8 novembre 2018 affine les modalités d’encadrement. L’enjeu est simple : ajuster chaque séance à la condition physique, aux limitations et à l’état de santé du patient pour prévenir la détérioration liée à la maladie ou à l’âge.
Pour permettre cette pratique en toute sécurité, des professionnels formés et des réseaux spécialisés, souvent regroupés sous la bannière des maisons sport-santé, prennent le relais. Ils garantissent un accompagnement sur-mesure, depuis l’évaluation initiale jusqu’au suivi régulier. Les pathologies concernées sont nombreuses : diabète, cancer, problèmes cardiovasculaires, sclérose en plaques, troubles musculo-squelettiques… L’activité physique adaptée s’impose ainsi comme une composante du parcours de soins, avec pour ambition de préserver l’autonomie et de soutenir la qualité de vie.
Quels bénéfices concrets attendre d’une activité physique adaptée prescrite ?
L’inactivité installe le terrain pour le surpoids, le diabète, l’hypertension. Pour contrer ces maladies chroniques, la prescription d’activité physique adaptée (APA) s’affirme comme une réponse thérapeutique solide. Le but est clair : limiter les complications, ralentir la perte d’autonomie, maintenir un niveau de vie décent. Chez les patients concernés par une affection de longue durée, l’APA vise à réduire les limitations au quotidien et à repousser les rechutes.
Plusieurs effets bénéfiques se dessinent lorsqu’une activité physique adaptée est prescrite et encadrée :
- Condition physique : meilleures capacités d’endurance, hausse de la force musculaire, équilibre renforcé, souplesse accrue
- Santé mentale : diminution de l’anxiété, baisse du stress, estime de soi soutenue
- Vie sociale : maintien du lien avec les proches, intégration dans des groupes ou associations
Les études médicales ne laissent plus de place au doute. L’APA réduit la fréquence des chutes chez les seniors, atténue la fatigue ressentie après des traitements lourds (notamment en oncologie), et aide à stabiliser la glycémie chez les personnes diabétiques. Chaque séance se construit selon le profil du patient : intensité, durée, fréquence, contenu des exercices, tout est pensé pour coller à la réalité de chacun.
S’attaquer à la sédentarité, c’est aussi diminuer la probabilité de complications cardiovasculaires. L’activité physique adaptée s’inscrit dans une logique de prévention, au croisement de l’approche médicale et du maintien de l’autonomie. Ici, le patient ne subit plus : il devient pleinement acteur de sa trajectoire de santé, dans la durée.
Professionnels habilités et démarches pour bénéficier d’une prescription adaptée
Le décret du 30 décembre 2016 a clarifié les règles du jeu : la prescription d’activité physique adaptée (APA) s’adresse aux personnes en ALD, vivant avec une pathologie chronique ou en situation de handicap. Dans ce dispositif, le médecin traitant occupe une place centrale : il évalue la situation individuelle, rédige l’ordonnance et détaille les recommandations qui guideront le parcours de soin.
L’accompagnement ne repose pas sur un seul métier. Plusieurs professionnels sont autorisés à intervenir :
- Les masseurs-kinésithérapeutes, pour la rééducation ou la prévention des limitations sévères
- Les ergothérapeutes et psychomotriciens, notamment pour les troubles moteurs ou cognitifs
- Les enseignants en activité physique adaptée (APA-S), dotés d’une formation universitaire spécialisée
- Les éducateurs sportifs formés au sport-santé, sous réserve de certifications délivrées par des fédérations agréées
Pour accéder à une prescription adaptée, il suffit de solliciter son médecin. Celui-ci pourra orienter vers les structures compétentes. Sur le terrain, les maisons sport-santé se multiplient : ces espaces, labellisés par l’État, facilitent la prise de rendez-vous, le lien avec les professionnels du sport et de la santé, et l’organisation d’un accompagnement personnalisé. Leur rôle : faire le pont entre le secteur médical, les associations sportives et les collectivités.
Concernant le coût, l’Assurance maladie ne prend pas en charge les séances d’APA. Néanmoins, certaines complémentaires santé et collectivités proposent des aides ou des crédits d’impôt pour alléger la facture. Mieux vaut s’informer auprès des dispositifs locaux : des solutions émergent progressivement pour limiter le reste à charge et permettre à davantage de personnes d’accéder à l’activité physique adaptée.
La prescription d’activité physique adaptée ne relève plus de l’exception. Elle redessine la frontière entre soin et prévention, ouvrant la voie à un accompagnement sur-mesure pour tous ceux qui veulent reprendre leur santé en main. La balle est désormais dans le camp de chaque patient, prêt à franchir la porte d’un cabinet, d’une maison sport-santé ou d’un terrain d’entraînement. Qui prendra le départ ?
